Corrida
Par son nombre de victimes, la corrida est considérablement moins meurtrière que la consommation de chair. C’est indéniable ! En proportion, c’est un peu comme si nous comparions le nombre de crimes permis par un grand marchand d’armes avec les quelques meurtres commis par un tueur en série. La corrida mérite pourtant une médaille dans cet exposé macabre du comportement de notre espèce. Elle tire en effet son épingle du jeu, non par le nombre, donc, mais par la cruauté toute particulière de ses meurtres. Ben, oui, on se rattrape comme on peut ! Alors que la plupart des gens qui consomment de la chair, du cuir et même de la fourrure ne font pas le lien entre leur consommation et les crimes qu’ils délèguent sans en avoir conscience, ceux qui assistent à des corridas sont là pour regarder en direct un taureau se faire transpercer le corps. Ils le regardent et y prennent suffisamment de plaisir pour payer pour ça. C’est dire s’ils s’éclatent ! La souffrance est leur spectacle.
Bien sûr, il y en a pour prétendre que c’est un art. L’art raffiné du sadisme ?
Si, quelque part sur terre, un président est élu avec 90 % des suffrages, tout le monde, fort à raison, trouve cela très louche. Mais quand des types en chaussettes roses gagnent à 99,9999999 % du temps leurs combats truqués contre les taureaux, les spectateurs ne se posent aucune question sur la loyauté de l’affrontement. Lorsqu’un taureau ne s’avère pas plus dangereux qu’un lapin, c’est sûr que l’on connaît l’issue du pseudo-combat d’avance et que l’on n’est présent que pour voir souffrir celui qu’on a mis là pour donner en spectacle sa souffrance aux consommateurs friands de ça. Voyez comme il souffre, voyez comme il saigne ! Régalez-vous !
Il n’y a pas que la souffrance du taureau. Pour que tout le monde en ait pour son argent, nombre de chevaux sont aussi donnés en sacrifice. Beaucoup finissent encornés dans une terrible agonie. En 1928, Primo de Rivera promulgua un décret qui rendait le caparaçon protecteur pour les chevaux des picadors obligatoire. Ce fut un tollé chez les aficionados qui se plaignirent d’atteinte à la « vraie corrida ». Si la souffrance n’était pas elle-même le spectacle, comment expliquer leur réaction ? Un cheval éventré, avec les intestins qui pendent, encorné par un taureau qui baigne dans son sang, rendu fou à force de se faire piquer… C’est de l’art ? L’art de faire souffrir dans l’arène et de se repaître de souffrance dans les gradins ?
Le torero Victor Barrio, 29 ans, est mort samedi 9 juillet 2016 des suites d’un coup de corne lors de la feria de Teruel, a annoncé l’AFP (Agence France-Presse). Le dernier décès d’un torero en Espagne remonte à 1985, quand José Cubero, 21 ans, est mort, encorné au cœur. « L’Espagne n’avait pas vécu pareille horreur depuis 30 ans », titrent les journaux. L’horreur en question les chevaux la vivent souvent et les taureaux la subissent chaque fois. Même dans les cas, si rares qu’ils font les titres des journaux, où ils triomphent du mec en chaussettes roses, c’est la mort qui les attend au bout du compte. Quelque temps avant que l’événement du 9 juillet 2016 ne survienne, j’avais vu à la télé un aficionado expliquer que quand le taureau gagnait, on récompensait sa bravoure en lui garantissant une retraite paisible dans un refuge créé uniquement à cette fin. Je me souviens d’y avoir cru, me disant même qu’il ne devait pas y avoir foule dans le refuge en question. Je m’étais demandé combien il pouvait bien y avoir de taureaux. J’ai appris grâce à la mort de Victor Barrio que le type de la télé disait de la matière fécale, car en fait non seulement Lorenzo, le taureau, vainqueur, a été abattu, mais on a même tué la pauvre vache qui était sa mère. Le grand quotidien espagnol El País a révélé, le 11 juillet 2016, que la tradition tauromachique prévoyait la mise à mort de la mère du taureau Lorenzo, baptisée Lorenza, afin de « tuer la lignée » de l’animal désigné comme « assassin ». Nous mesurons là les valeurs de cet art !
Ce cheval, qui vient de se faire éventrer, court en traînant ses intestins sur le sol. Il succombera dans d’atroces souffrances. Mais, il sera aussitôt remplacé par un autre cheval pour que le spectacle se poursuive.
Et puis, il y a une chose que je me suis toujours demandée, à propos de la prétendue « bravoure de l’homme qui affronte la bête », c’est pourquoi, chaque fois qu’un chaussettes-roses est en difficulté, d’autres de ses congénères viennent à son secours pour éloigner la bête et pour l’emporter loin du danger. Alors que, quand le taureau est lui-même en difficulté, personne n’est là pour l’aider.
Je partage le sentiment de Georges Courteline qui a écrit :
« Mon exécration des courses de taureaux s’est étendue petit à petit jusqu’à ceux qui les fréquentent. L’idée que des hommes peuvent prendre de l’amusement, les uns à tâcher de rendre féroces des animaux qui ne l’étaient pas, les autres à voir agoniser des chevaux éventrés, recousus puis éventrés une deuxième fois, me fait envelopper les seconds du même dégoût que m’inspirent les premiers. »
Heureusement, il y a des opposants
Pour soutenir le combat contre la tauromachie, qui coûte la vie à quelque 250 000 taureaux chaque année dans le monde, vous pouvez apporter votre aide au CRAC1 Europe qui milite depuis de nombreuses années pour l’abolition de la corrida.
Le 10 septembre 2016, des milliers d’Espagnols anticorrida sont descendus dans les rues de Madrid pour réclamer l’abolition de la tauromachie. PACMA2 appelait à « en finir avec tous les spectacles taurins et festivités sanglantes ». Fondé le 24 février 2003, ce parti animaliste mobilise de plus en plus de militants ; il a obtenu plus de 284 000 voix aux élections législatives de juin 2016.
REGARDE-MOI DANS LES YEUX
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1 Comité Radicalement Anti Corrida www.anticorrida.com/crac-europe/.
2 Parti Animaliste Contre la Maltraitance Animale.