Emmanuel Todd victime d’un tir de missile !
Touché à la tête, l’intellectuel débloque en direct sur un plateau de télévision.
Wikipédia nous apprend que Emmanuel Todd est historien, écrivain, essayiste, anthropologue, démographe, politologue… Il ne serait pas exagéré de dire que nous avons affaire à un professionnel de l’érudition et de l’intelligence, n’est-ce pas ? En tout cas, officiellement, il est ce qu’on appelle un intellectuel. À ce titre, il est censé posséder une érudition supérieure à la moyenne et on le suppose également nanti d’une aptitude à penser avec lucidité, discernement et pertinence.
Il se trouve que ses facultés mentales hors du commun n’ont pas résisté à une attaque d’une grande violence. Voici le compte-rendu de notre journaliste B. Taizaide :
Lors de l’émission « C Politique », diffusée sur France 5, dimanche 10 septembre 2017, ce cerveau bien plein et bien fait donnait la réplique à Tiphaine Lagarde, coprésidente de l’association « 269 libération animale » (anciennement nommée « 269 life libération animale »). Dans les propos de monsieur Todd, une phrase a rapidement commencé à me surprendre, mais j’avoue que je ne me doutais pas que ça irait de mal en pis pour lui.
Voir de : 0:54:13 à 1.09.40
Cette phrase était : « L’abattage dans des conditions décentes est une chose très nécessaire ».
On l’aura compris, il parlait de l’abattage des animaux de boucherie.
Précisons que la partie « dans des conditions décentes » est là pour faire joli, car j’aurais aimé lui demander ce qu’il avait déjà fait, dit ou écrit en faveur ce cela. J’ai cherché partout, je n’ai rien trouvé. Le fait est que « dans des conditions décentes » ne semble pas être une préoccupation qui l’obsède vraiment. J’augure qu’il s’en balance grave !
Rappelons que monsieur Todd est, entre autres, anthropologue. Un peu comme je pense qu’un plombier a de fortes chances de connaître les robinets, je me dis que cet esprit de compétition doit certainement posséder force connaissances au sujet des êtres humains. Entre autres, il devrait plus ou moins savoir comment ils se nourrissent. En Inde, 450 millions de personnes sont végétariennes ; comment pourrait-il ne pas avoir connaissance de cela ? Il devrait aussi savoir que le régime végétalien, excluant absolument tous les produits d’origine animale, existe, et que l’on peut vivre en très bonne santé en l’adoptant. Les sources d’informations fiables et officielles qui l’attestent sont nombreuses (quelques unes ici). Il ne s’agit pas d’une hypothèse ; c’est factuel. Même si, pour une raison improbable, cette information était passée longtemps à côté de son brillant esprit, il est difficile aujourd’hui de ne pas avoir entendu parler du mouvement végane. Anthropologue, politologue, comment ignorer un tel phénomène de société ? Si un acharnement du sort avait encore éloigné cette information de son esprit avide de connaissances sur l’humanité, Tiphaine Lagarde se tenait devant lui pour lui révéler l’existence des véganes. Bref, j’en viens au fait :
Monsieur Todd ne pouvait que savoir qu’il n’est absolument plus nécessaire de tuer et exploiter les animaux non-humains pour vivre. S’il ne le savait pas, lui !… C’est un peu comme si un garagiste ne savait pas qu’il est désormais inutile de faire tracter les voitures modernes par un cheval, car elles sont aujourd’hui automobiles.
Partant de cela, il est justifié de se demander quel traitement son cerveau de compétition a fait subir à cette information pour passer de :
« Il n’est absolument pas nécessaire de tuer pour vivre »
à :
« L’abattage (dans des conditions décentes (si d’autres s’en préoccupent)) est une chose très nécessaire »
N’ayant pas encore compris ce qu’il se passait, je me suis interrogé : s’agit-il d’un accident vasculaire cérébral en direct sur le plateau ?
Que penseriez-vous de votre garagiste s’il vous disait : « la traction par un cheval est très nécessaire », même s’il ajoutait : « dans des conditions décentes » ?
Monsieur Todd a poursuivi :
« Poser l’homme comme différent et supérieur aux autres espèces est un acte fondateur »
Bon… Beaucoup s’efforcent de prouver cette supériorité en cherchant des propres de l’homme. Emmanuel Todd, lui, ne s’embarrasse pas de cette difficulté ; il n’a pas besoin de preuves ; décider (poser) qu’il est supérieur lui suffit.
Rappelons que monsieur Todd est d’origine juive. Il n’a pas hésité à le rappeler : « d’origine juive, je suis extrêmement choqué par l’utilisation du mot holocauste. » Il est aussi historien.
Ses propres paroles ne lui rappellent-elles rien ?
N’est-ce pas parce que certains posaient l’Aryen comme différent et supérieur aux autres races que les abominables crimes que nous connaissons ont été commis ?
De l’esclavage à tant de génocides, combien de fois dans l’histoire l’horreur est-elle née de cet état d’esprit ? Monsieur Todd est d’origine juive et historien, mais… il ne voit pas pourquoi il y a un problème à perpétuer de telles idées. Il est dans le bon camp… Que ceux qui ne sont pas à son image subissent les conséquences d’une discrimination arbitraire, il s’en fout !
Emmanuel Todd est extrêmement choqué par l’utilisation du mot holocauste, mais il n’est pas du tout choqué par l’holocauste qu’il encourage en estimant que l’abattage (dans des conditions décentes) est une chose très nécessaire. Pour lui, le massacre et l’exploitation de millions de non-humains par jour n’est pas un holocauste. Car ce mot doit être réservé pour parler de ceux qui lui ressemblent. Toute autre souffrance n’a pas d’importance. Seule celle des siens compte. Et c’est un outrage d’oser utiliser ce mot pour d’autres. Aussi, se renfrogne-t-il pour faire part de son indignation. Avons-nous le droit d’utiliser les mots souffrance, douleur, peur, tristesse… en dehors du cercle des humain·e·s ? Ou va-t-il nous proposer une novlangue dans laquelle il ne restera plus un seul mot pour désigner le mal que nous infligeons à ceux qui sont discriminés, seulement parce qu’ils ne sont pas des humain·e·s ?
AVC, là aussi ? LSD ou gros cinq feuilles qui déchire sa race ?
D’autres ne sont pas choqués du tout par l’utilisation du mot holocauste, au contraire, ils en ont fait usage spontanément exactement dans ce contexte.
Tiphaine Lagarde essaye de le faire savoir à Emmanuel Todd en lui parlant du livre Un éternel Treblinka de Charles Patterson (et non d’Isaac Singer, petite erreur de la présidente de 269 libération animale. La pression du plateau, sans doute).
Charles Patterson, docteur en histoire à l’université Columbia de New York, a écrit plusieurs ouvrages sur la Shoah. Dans Un éternel Treblinka, il compare la manière dont nous traitons les non-humains avec les exactions nazies. Il cite même les mots de l’auteur juif Isaac Bashevis Singer, prix Nobel de littérature 1978, qui, dans sa nouvelle Letter Writer, fait dire à l’un de ses personnages :
« Pour ces créatures, tous les humains sont des nazis ; pour les animaux, c’est un éternel Treblinka. »
Dans un autre de ses ouvrages, le roman Ennemies, Isaac Bashevis Singer fait dire à son héros
« … ce que les nazis avaient fait aux Juifs, l’homme le faisait à l’animal. »
Citons aussi Theodor W. Adorno : « Auschwitz commence lorsque quelqu’un regarde un abattoir et se dit : ce ne sont que des animaux. »
Essayer de faire passer les antispécistes pour des antisémites est grotesque et malhonnête (Hop ! petit homme de paille vite fait bien fait.) Ce qu’il y a de commun entre la Shoah et ce que nous faisons subir aux non-humains que nous exploitons a été mis en relief par des survivants de l’horreur nazie. Par ailleurs, le mouvement animaliste 269 life, qui inspire en France 269 libération animale, est né en Israël, pays comptant proportionnellement le plus grand nombre de véganes au monde.
En évoquant ses origines, Monsieur Todd eût bien mieux fait d’en être fier, plutôt que de s’enfermer dans sa mine outrée et renfrognée.
« On vit dans une société qui ne va pas bien. Aux États-Unis, la mortalité augmente, il y a des gens qui s’appauvrissent, qui sont au chômage. C’est le moment d’une solidarité humaine. »
Là, l’hémorragie cérébrale est l’hypothèse qui devient vraiment probable, car il se met à partir en vrille. Cesser d’exploiter les animaux aggraverait-il la mortalité aux États-Unis, la pauvreté et le chômage ?
« Voir des gens se passionner pour la cause des animaux, c’est là un symbole de la désagrégation morale de notre époque »
Mais, Monsieur Todd !… Mais, Monsieur Todd !… Il ne s’agit pas de se passionner pour la cause des animaux (en tant qu’anthropologue, vous devez savoir que vous êtes, vous aussi, un animal, par ailleurs. Tout le monde le sait au moins depuis Darwin.) Il ne s’agit pas de se passionner pour la cause des animaux, pas du tout, du tout. Il ne s’agit pas de faire quelque chose pour eux, aux dépends de l’Homme que vous posez comme supérieur. Il s’agit seulement de ne plus rien faire contre eux. Il ne s’agit donc même pas de faire le bien, il s’agit de ne plus faire le mal. C’est tout, monsieur Todd. Rien d’autre. Il ne s’agit pas de les bichonner, seulement de cesser de les tuer et les exploiter. C’est insensé de ne pas faire la différence ! Pour Emmanuel Todd, il est tellement normal de tuer que cesser de le faire, c’est « se passionner pour la cause des victimes ! ». Monsieur Todd, imaginez votre propre meurtrier expliquant au tribunal qu’il vous a tué, parce que se passionner pour votre cause serait un symbole de la désagrégation morale de notre époque…
Emmanuel Todd semble réaliser que ses propos précédents étaient incohérents, il ne sait plus comment se rattraper. Il nous entraîne soudainement aux États-Unis pour parler de la mortalité. Les animaux qu’il veut abattre seraient-ils, à ses yeux, responsables des tueries à répétition en Amérique ? Il patauge dans la plus grande confusion mentale. Ira-t-il jusqu’à essayer de démontrer la nécessité de l’abattage par le prix du gaz ? Ou par la mauvaise qualité des chaussettes, peut-être ?
« il y a des gens qui s’appauvrissent… »
Il me rappelle les avions touchés par un ennemi dans les films de la Seconde Guerre mondiale ; son esprit tombe en vrille de la fumée noire va sortir de ses oreilles. Cette image me met sur la voie, soudain je comprends ce qui lui arrive :
Le missile que lui a lancé Tiphaine Lagarde et qui l’a touché au cerveau s’appelle l’antispécisme. Il n’est pas habitué à traiter ce concept. Cela lui fait saigner l’esprit.
« …qui sont au chômage… » « …symbole de la désagrégation morale de notre époque… » (Odeur de brûlé)
Le regrettable entêtement de cet intellectuel à justifier le pire n’est dû ni à des AVC, ni à quelque psychotrope. Emmanuel Todd est tout simplement spéciste. Imprégné de spécisme jusqu’à la moelle. Il est spéciste comme étaient racistes les esclavagistes, comme sont sexistes les esprits patriarcaux. Prisonnier de cette idéologie oppressive, il est incapable de réaliser qu’il défend l’indéfendable. Pour lui, c’est bien clair, il faut continuer à tuer. Il faut tuer et exploiter, sans aucune nécessité, mais il faut tuer et exploiter. Par principe. Pour la seule et unique raison que les victimes ne sont pas humaines. C’est une raison suffisante en elle-même. Ses pensées sont emprisonnées dans la gangue du spécisme. Impossible pour lui de changer son point de vue. Tuer est pour lui un devoir ; ne plus tuer serait immoral, ce serait : « de la désagrégation morale ». Ces meurtres et ces esclaves, il les faut. Revenir là-dessus, ce serait renier ce qu’il est depuis si longtemps ! C’est d’autant plus terrible qu’il s’agit d’un historien, qui devrait avoir un regard synoptique sur la répétition des idées ségrégationnistes oppressives et de leurs abominables conséquences inévitables.
M Todd est-il amoral ou, pire, immoral ? Je ne le pense pas. Sans doute est-ce même un brave homme. C’est le spécisme dont il est imbibé qui est une mauvaise chose. C’est ne pas s’opposer à cette idéologie qui serait un symbole de la désagrégation morale de notre époque.
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